Le Faouët doit son nom aux
collines couvertes de hêtres, le fayard français, appelé faou en breton.
Depuis le XIXè siècle, le
patrimoine architectural du Faouët et la spécificité de ses traditions
retiennent l'intérêt des voyageurs, et plus tard des touristes mais
aussi des artistes de nationalités très diverses et auxquels la commune
offre une source intarissable de sujets avec sa nature sauvage et ses
nombreuses chapelles, véritables joyaux du patrimoine religieux et de
l'art gothique du XVè siècle en Bretagne, ou encore ses halles du XVIè
siècle, animées par le marché local.
Les halles du XVIè siècle
Construites en 1542, elles ont subi de nombreuses
restaurations depuis le XIXè siècle.
Néanmoins, elles nous permettent d'imaginer ce que fût l'activité
économique bretonne à la fin du Moyen-Age, avec ses neuf foires
annuelles et son marché hebdomadaire qui existe encore aujourd'hui le
1er et le 3è mercredi de chaque mois.
Elles se dressent,
majestueuses et isolées, en centre bourg sur la Place Bellanger.
Le bâtiment aux dimensions impressionnantes, 53 m sur 19 m, se compose
d'un grand toit d'ardoise à deux versants et deux croupes brisées.
La toiture est supportée par
une magnifique et imposante charpente, en chêne et en sapin.
Le tout repose sur une rangée de courtes colonnes de granite alignées
sur un muret de pierre.
L'église Notre-Dame de l'Assomption
Édifiée au XVIè siècle,
elle fut incendiée en 1917 et restaurée entre 1924 et 1927.
Le clocher échappe à toute
classification. On peut affirmer qu'il est unique en son genre. Aussi le
visite-t-on comme une curiosité.
L'ossuaire est décoré d'une
double rangée d'arcatures, les unes franches, les autres trilobées.
L'église abrite les gisants
en granite de Perronnelle de Boutteville et Bertrand de Trogoff, qui
portent les costumes de leur temps, le XVè siècle.
La chapelle Sainte-Barbe
Elle est érigée sur un site
remarquable qui domine la vallée de l'Ellé. Vers 1700, cet espace est
aménagé pour faciliter l'accessibilité de l'édifice dans le cadre des
pèlerinages.
Les escaliers majestueux,
ornés de balustres de style Louis XIII, prennent deux directions opposées : vers
le nord, ils plongent vers la chapelle ; vers le sud, ils dévalent vers
le chemin de terre qui mène sous l'arche en plein cintre soutenant la
passerelle de l'oratoire Saint-Michel.
Deux portails finement
sculptés contiennent chacun deux portes jumelées aux tympans ajourés.
Les contreforts sont couronnés de pinacles ornés de gargouilles, et à
l'extrémité gauche du sanctuaire, la tour de granite, dont les trois
fenêtres évoquent la Trinité, porte la statue de la sainte.
De style gothique, longue et
étroite, elle présente un transept sans nef et un choeur dont l'abside
est formée de trois pans.
Trois vitraux racontent la
vie de la patronne des marins, des artilleurs, des mineurs et des
sapeurs-pompiers : celui du choeur (XIXè siècle), celui du maître-autel
(XVIè siècle) et celui du bras nord du transept (XVIè siècle) consacré
au martyre de sainte Barbe.
Cette riche jeune fille païenne, née en Turquie, se convertit à la foi
chrétienne. Refusant d'épouser les partis païens que son père, Dioscore,
lui proposait, elle fut martyrisée, frappée à coups de marteau, roulée
sur du verre brisé puis dans du sel. devant son obstination, son père,
aveuglé par la haine, lui trancha la tête. Au même instant, en ce 4
décembre de l'an 235, un coup de tonnerre retentit et Dioscore tomba
foudroyé.
Sainte-Barbe préservait du feu, des accidents, de la mort subite et de
la poudre (autrefois, la soute aux poudres des vaisseaux de guerre
s'appelait la sainte Barbe).
Un autre vitrail raconte l'histoire
de la chapelle : le sieur Jean de Toulbodou chassait sur les terres du
seigneur du Faouët lorsqu'il fut surpris par un violent orage. Les
rochers foudroyés dévalaient déjà sur lui quand il fit à Sainte-Barbe le
voeu d'élever une chapelle à cet endroit même où sa vie ne tenait plus
qu'à un éclair.
Sauvé de la foudre, Jean de Toulbodou tint parole et fit commencer les
travaux, mais en amont, sur le sommet plus confortable de la colline.
Or le travail était mystérieusement défait chaque nuit. Il fut bien
obligé de construire la chapelle à l'endroit précis du voeu.
La légende nous rassure : deux grands boeufs roux auraient acheminé
chaque nuit les matériaux, ce qui permit à la chapelle d'être
achevée en vingt-cinq ans, un record pour l'époque.
La fontaine
Un chemin de pierres
serpentant dans le sous-bois mène à la belle fontaine du XVIIIè siècle
située à 500 m au nord de la chapelle.
Les jeunes filles y jettent
épingles et pièces de monnaie en espérant être mariées dans l'année.
La chapelle Saint-Fiacre
du XVè siècle
Ancienne chapelle du XIIIè
siècle, elle fut complètement transformée entre 1450 et 1480.
La construction fut financée par les Boutteville, qui rivalisaient alors
avec les Rohan, commanditaires de l'église de Kernascléden.
Écoutez l'angélus de
19 heures
Venu d'Irlande au VIIè
siècle, saint Fiacre
est le patron des paysans et des jardiniers comme en témoigne la bêche
dans sa main droite.
En forme de croix latine, la
chapelle comprend une nef à deux vaisseaux doublée par un collatéral au
nord, un transept et un choeur à vaisseau unique.
Elle est célèbre pour son
jubé (1480), oeuvre de l'ébéniste Olivier Le Loergan. Il sépare le
choeur de la nef de la chapelle, il est considéré comme l'un des témoins
les plus prestigieux des jubés médiévaux.
Maintes fois restauré et
repeint, le jubé reste très élégant, malgré la polychromie qui date du
XIXè siècle et qui altère quelquefois la finesse des détails.
La scène de la crucifixion se détache sur un fond de dentelle de bois.
De chaque côté du Christ, les deux larrons grimacent de douleur.
Saint Jean et la Vierge veillent aux pieds du Christ.
L'intérieur, richement
décoré, est couvert de lambris.
À la croisée du transept, la
clé de voûte et les arcs sont ornés d'anges, d'animaux réels ou
fabuleux, d'hommes aux attitudes étranges qui témoignent de
l'imagination et du savoir-faire des artisans, habiles à donner vie au
bois.
L'intense activité des
ateliers de vitrail en Bretagne au XVIè siècle éclate ici en pleine
lumière.
Celui de la vie de saint
Fiacre, sur les huit panneaux de la fenêtre sud, est signé P. Androuet
et accompagné d'une date : 1552.
Le vitrail de la nef latérale
illustre la vie de Jésus ; celui du bras nord du transept, la vie de
saint Jean-Baptiste ; celui du bras sud, l'arbre de Jessé.
Dans le choeur, la
maîtresse-vitre évoque les principales scènes de la passion du Christ,
depuis son entrée à Jérusalem, le jour des Rameaux, jusqu'à sa
résurrection glorieuse.
La fontaine
Située à 500 m de la
chapelle, l'eau avait la vertu de guérir les maladies de peau.